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Cycle Printemps des forêts

Série documentaire inédite

Ushuaïa invite le journaliste reporter Guy Lagache à son retour du Congo

Les 5, 11, 18 et 21 mars dès 20h45

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Déforestation : interview de Guy Lagache

À l'occasion de la Journée Internationale des Forêts, Ushuaïa TV propose une programmation spéciale sur les forêts tout au long du mois et lance la collection "Terres d'urgence", une série documentaire inédite imaginée et présentée par le journaliste Guy Lagache (reporter pour Capital).

Premier épisode : "Congo, menace sur la forêt tropicale" : mardi 21 mars à 20h45
 
La forêt du bassin du Congo est vitale pour le monde. Ses 314 millions d’hectares de jungle lui valent même le nom de deuxième poumon vert de la planète après l’Amazonie. Elle est aussi le refuge d’espèces animales majestueuses. Et pourtant, cette forêt se meurt, détruite peu à peu par les Hommes.
Depuis les rives du Lac Kivu jusqu’à la forêt centenaire du parc national des Virunga, au pied du volcan Nyiragongo, au contact des pygmées Batwa qui vivent à 2 000 m d’altitude, comme dans les rues bondées de Goma, Guy Lagache va sur le terrain enquêter sur les causes et les conséquences de la déforestation.
Qui ravage la forêt et pourquoi ? Quels trafics se cachent derrière ce désastre écologique ? Comment mettre fin à cette menace pour les équilibres vitaux de la planète ?
 
Guy Lagache, rappelez-nous comment nos modes de vie ont un impact sur la planète ?
Toute vie humaine a un impact important sur l'environnement, tout est question de mesure. Il ne suffit pas d'en faire le constat, mais c'est bien de le rappeler.
Selon le concept de Bruno Latour, la figure d’autorité de la pensée française en écologie, le climat est en train d'avoir un effet délétère sur Gaïa, notre Terre, dont le système immunitaire se retourne contre nous.
 
Dans la République Démocratique du Congo, 1 million d'hectares de forêts sont détruits chaque année. Le Kivu se trouve le long de la frontière du Rwanda et de l'Ouganda et il est en train de voir, de façon extrêmement visible et très concrète, la destruction de sa biodiversité. Vous quittez cet endroit et revenez au bout de trois semaines, il a déjà changé, parce que la forêt est détruite un peu plus chaque jour.
Pour les Pygmées du Nord-Kivu qui habitent à 2 500 m d'altitude, quatre heures de marche leur sont nécessaires jusqu'à la forêt qui est à la fois leur garde-manger et leur pharmacie.
 
En Inde et en Asie du Sud-Est, la diminution progressive des habitats naturels des tigres et de leur terrain de chasse, conduisent ces prédateurs à rechercher leurs proies de plus en plus près des villages, mettant en danger leurs habitants. La fonte des neiges de l'Himalaya, conjuguée à la montée des eaux océaniques, provoquent débordements des fleuves, glissements de terrain et inondations, destruction des cultures et de la mangrove, un des puits naturels du carbone.

Quelles sont les causes de la déforestation et quels sont les enjeux pour la vie locale ?
En République Démocratique du Congo, plus de 90 % de la population n'ont pas accès à l'électricité. Or, la cause majeure de la déforestation est énergétique. On coupe le bois prioritairement pour le carboniser et en faire du charbon de bois, le "makala", un élément indispensable à la vie quotidienne et un substitut énergétique.
Des centrales hydroélectriques sont en train d'être développées, mais celles-ci ne sont pas seulement l'apanage du gouvernement congolais. Elles sont aussi celui des entreprises publiques et privées dotées de fonds extérieurs. Les fleuves, les rivières et les cours d'eau sont une richesse pour permettre la mise en place de ces centrales hydroélectriques, mais cela ne suffit pas compte tenu de la démographie et des besoins.
Par ailleurs, la société civile se mobilise, car les habitudes perdurent, malgré les énergies alternatives. Il faut donc trouver des solutions économiques et écologiques vertueuses.
 
Qui est le plus difficile à convaincre ?
Les trafiquants. Il faut discuter longuement avec eux et ne pas les stigmatiser. Des micro-sociétés qui occupent des territoires dont la seule richesse est l'arbre, leur seul moyen de subsistance. Les ressources naturelles forestières et minières sont également un enjeu économique pour tous les groupes de pression, des groupes armés de rebelles en lutte avec le gouvernement.
 
Comment les communautés font-elles preuve de résilience et comment s'adaptent-elles au dérèglement dû à l'activité humaine ?
Mon séjour au Congo avec Guillaume Viart a duré un mois. C'est le temps qu'il faut pour faire comprendre pourquoi on vient filmer, pour nouer des relations et mieux comprendre les enjeux de la déforestation. Celle-ci contribue fortement à la destruction de la biodiversité, au réchauffement climatique et à la fragilisation de ces populations locales qui dépendent des écosystèmes forestiers pour subvenir à leurs besoins.
Ceci m'a montré que les populations doivent d'abord s'adapter avant de trouver des solutions miracle.
Dans le Golfe du Bengale, une région de l’Inde proche du Bangladesh, la montée des eaux salées a rendu toute culture impossible. Quelqu'un a alors eu l'idée de creuser des bassins et de profiter de l'eau salée pour y élever des crabes et des crevettes.
Ailleurs, il a été développé un riz résistant à l'eau salée qui nécessite juste de changer les semences toutes les deux ou trois récoltes. Ou bien encore, là où beaucoup de déchets sont laissés à l'abandon, un jeune entrepreneur a développé un commerce florissant en créant une forme de charbon végétal issu de déchets organiques, dont le coût est plus bas et la puissance énergétique supérieure, comparés au bois de chauffage.
 
Et pour vous, Guy Lagache, comment est née cette prise de conscience et que faites-vous aujourd'hui pour changer vos habitudes et réduire votre impact écologique ?
J'ai fait mon éducation lors de mes reportages sur le terrain pour l'émission "Capital". Pour mesurer le pouls de la société, je suis parti en Chine ou, par exemple, au Canada, où pour satisfaire les besoins des plus riches, j'ai assisté à l'extraction du pétrole dans les forêts de bouleaux en Alberta du nord, et à la disparition des poissons dans les lacs où pêchaient les Indiens. Cela m'a conduit à créer "Capital terre" pour mieux comprendre les défis mondiaux à travers le prisme économique, mais aussi à travers le prisme écologique, avec la tentation assumée de reportages à travers le monde.
 
Quel espoir pour l'humanité et la Terre ?
Les solutions à l'échelle d'une communauté ne sont pas suffisantes. Il faut conjuguer l'éducation des personnes pour trouver et appliquer des solutions alternatives, et en même temps des politiques publiques, des régulations des mesures, des accompagnements pour arriver à changer de paradigme économique, ce qui nécessite des investissements massifs. Donc, la question se pose de savoir comment mettre en œuvre ces investissements. Ce sont des questions extrêmement complexes qui demandent beaucoup de temps de réflexion.
Il faut compter sur une prise de conscience globale, avec ses freins et ses paradoxes, mais j'ai l'espoir que l'humanité ait la capacité d'agir en peuple éclairé.
 
Également, dans le Cycle "Le Printemps des forêts"
 
•  L'arbre qui cache la forêt - Les défis scientifiques du reboisement : dimanche 5 mars, 20h45
   Documentaire inédit de Marianne Cazaux. Disponible en replay ;
Au cœur de l'Amazonie : samedi 11 mars, 20h45
   Série documentaire inédite avec Sandra Korstjens, correspondante de presse pour l'Amérique Latine. Disponible en replay ;
Forêts françaises en quête d'avenir : samedi 18 mars, 20h45. Disponible en replay.
 
Rendez-vous dès dimanche 5 mars à 20h45 sur Ushuaïa TV (canal 123) sur la TV d'Orange.

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