Pour Fanny Agostini, l’écologie n’est pas un mot galvaudé. Depuis son enfance, elle vit dans la nature, elle a grandi avec. Elle a appris à l’aimer sous toutes ses formes et ce n’est pas un hasard si elle en est là aujourd’hui. Du parcours initiatique avec son grand-père à ses propres initiatives aujourd’hui, elle trace son chemin avec un seul leitmotiv : aimer et protéger la nature.
Comment est venue cette passion de la nature ?
Enfant, j’ai été élevée par mes grands-parents, à la campagne. Je ne me voyais pas avoir une vie de citadine à Clermont-Ferrand la grande ville toute proche qui m’intimidait. La nature je l’ai découverte grâce mon grand père chevrier. Il m’a éduquée à la nature, rendue poreuse à la nature !
Avec ses amis apiculteurs, éleveurs, maraîchers, j’ai beaucoup appris.
Avec eux j’étais aux premières loges, au fil des années j’ai vu la nature se déliter, la biodiversité s’étioler.
Le déclic ?
Je regardais beaucoup Ushuaïa, l’émission de Nicolas Hulot. Il portait des messages qui incitaient à la réflexion. Je l’écoutais avec attention et sans le savoir, il a planté une petite graine dans ma tête, c’est de là que m’est venue cette passion, mais aussi les craintes pour l’avenir. Je me suis dit que les médias seraient un bon vecteur pour faire passer ces idées..
La suite ?
Pendant ma première année de prépa à Sciences Po à Clermont-Ferrand je faisais quelques piges pour France Bleu Auvergne. J’ai alors décidé de monter à Paris où pendant deux ans j’ai fait une école de radio. Après des stages à RTL, je suis rentrée à BFM d’abord pour faire de l’info trafic, puis ensuite la météo.
Mais je ne voulais pas être une simple présentatrice, je voulais comprendre alors j’ai suivi une formation avec un ingénieur prévisionniste. En découvrant ce qu’était la climatologie, j’ai compris comment l’atmosphère se mettait en mouvement, comment la vie fonctionne . Tout cela a fini de charpenter mes convictions.
La météo des années pivot ?
Oui, elles ont été des années de connaissance, des cours de rattrapage où j’ai fait de belles rencontres aussi. J’ai découvert ce qu’étaient le sol, l’air, les échanges gazeux et l’atmosphère. Il faut savoir que l’homme change la composition chimique de l’atmosphère ! Une fois que l’on a compris cela, on sait que l’on ne vit pas une crise climatique, mais que de par notre action le climat est en train de changer de manière irréversible.
Après le Coronavirus, il faudra repenser notre façon d’habiter le monde et comment y vivre. Il faudra remettre l’humanité sur les bons rails.
Thalassa ?
C’était toucher au Graal absolu ! C’est une expérience qui m’a changée. Mais au bout de deux saisons, j’ai eu envie de passer à autre chose.
C’est à ce moment que j’ai décidé de tirer un trait sur ma carrière d'animatrice et avec mon mari qui travaillait à la Fondation GoodPlanet de Yann Arthus Bertrand, nous avons fondé notre propre ONG environnementale LanDestini.
Changement de vie ?
Oui, j’ai décidé de quitter Paris et de renouer avec mes racines. Je suis partie en Haute Loire pour créer une ferme pédagogique. Cela a été une part de renoncement, avec mon mari, nous avions de bons postes à Paris. Mais on sentait que c’était le bon moment. On est très heureux aujourd’hui d’avoir fait ce choix.
Et puis comme je le dit j’ai relocalisé mon activité. Je fais de la radio sur Europe 1 depuis ma ferme. Nicolas Canteloup se moque beaucoup de moi, mais j’ai beaucoup d’auto dérision. J'organise des "Climate Bootcamp", dès 2015, date de ces premières formations, la COP 21 plante des graines fécondes dans les esprits des journalistes, des décideurs qui ont des postes à responsabilité. Il était de notre devoir de former ces leaders d'opinions aux enjeux de protection de la biosphère.
Puis je tourne aussi mes émissions ici.
En terre ferme ?
Oui pour fêter les 15 ans de la chaîne Ushuaïa, nous avons inauguré la première émission avec Nicolas Hulot .L’idée est d’avoir une personnalité qui donne envie de réfléchir. Avec ceux qui les suivent, leurs fans, leurs supporters nous espérons qu’ils s’inscriront dans leur sillon.
Pour Nicolas Hulot nous sommes « des spectateurs surinformés d’une situation qui est en train de se mettre en place et qui ne peut que mal se terminer si on ne réagit pas».
Pour nous aider Sébastien Bohler docteur en neurosciences nous dit que rien n’est irréversible. Que l’homme est programmé pour céder à toutes ses pulsions et que le grand défi du 21e siècle sera de résister à ces pulsions.
L’émission est tournée comme à la maison, dans une ferme, pour la première les rencontres se font autour d’un pot au feu. Les échanges sont plus forts. Chacun se livre pour mieux faire passer le message.
Le mot de la fin de Nicolas Hulot pour les générations suivantes est celui-ci, il faut laisser aux générations futures des "clés qui fonctionnent, qu’on ne les prive pas de leur avenir, qu’on ne les mette pas dans une impasse, ils seront plus conscients que nous, il faut qu’on leur ait laissé tous les outils intacts sur la table pour construire un nouveau monde"…
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